Risque nucléaire : Brest et Crozon concernées
Que
se passerait-il en cas d’accident autour d’un missile nucléaire manipulé
à L’Ile-Longue, ou d’explosion d’une chaufferie nucléaire dans
le port de Brest ? Un document consultable en mairie jusqu’à vendredi
s’efforce de répondre à ces questions. Mais pas à toutes,
réagissent les représentants d’association des plus attentifs.
Il n’y a pas d’installations nucléaires civiles en activité
dans le secteur. Ces dispositions autour du risque nucléaire concernent
la présence des sous-marins de la force de dissuasion et du Charles
de Gaulle, lorsqu’il fait escale à Brest.
«
Après 35 ans d’amnésie »
Ce plan particulier
d’intervention des installations nucléaires de la Défense de
Brest et de l’Ile-Longue, en presqu’île de Crozon, rafraîchit
le dispositif existant et les mesures à adopter en cas d’accident nucléaire.
Après une première version en 1996, il a été révisé
en 1999 et enrichi très récemment sous l’impulsion des pouvoirs
publics et des associations, des plus vigilantes en la matière. Pour
ces associations qui se battent depuis des années pour faire sauter
« une certaine culture du secret », il s’agit d’une avancée,
« après 35 années d’amnésie sur le sujet ».
Tchernobyl a contribué à faire avancer les choses, mais pas
seulement. « A Brest, et plus généralement à la
pointe bretonne, on a pris conscience que le risque existait, en dépit
de toutes les prises de position rassurantes de la Marine », explique
avec la détermination qu’on lui connaît Roger Abiven, pour Agir
pour l’environnement et le développement durable.
« Il ne faut pas hésiter à aller lire ce document et à
y inscrire ses remarques ». Ils regrettent que le document d’information
sur le risque n’ait pas été davantage diffusé auprès
de la population. Pourquoi s’arrêter à la proximité immédiate
des sites militaires ? Ils estiment également que l’information est
insuffisante pour les établissements publics (notamment les établissements
scolaires), répertoriés dans un proche périmètre
de l’arsenal de Brest et de l’Ile-Longue.
Exercice
d’évacuation
Ils demandent que soit organisé un exercice d’évacuation grandeur
nature avec la population. « Les exercices dans les bases ne suffisent
pas ». Les dispositions décrites dans ce plan concernent un périmètre
de danger de 3.000 m autour de l’Ile-Longue et 2.000 m autour de l’arsenal
de Brest, un écart qui, selon les associations de vigilance, ne se
justifie pas. « Les militaires nous expliquent que le risque lié
aux missiles n’existe pas à Brest, puisque les armes sont débarquées
et manipulées à l’Ile-Longue ». N’empêche que lorsqu’un
sous-marin russe est accueilli à Brest, on ne lui demande pas de laisser
sa quincaillerie en consigne à Crozon... Idem pour le Charles de Gaulle
qui, avec ses deux puissantes chaufferies nucléaires, ne reste pas
mouillé au large d’Ouessant.
Stéphane
Jézéquel
Le Télégramme 06/12/2005