Brennilis. Le coût social du démantèlement
Il y a quelques
semaines, le conseil d’État annulait le décret autorisant
le démantèlement total de la centrale de Brennilis. Aujourd’hui,
les représentants syndicaux de la CGT et de la CFDT dénoncent
le coût social de cette décision et appellent les pouvoirs
publics à se mobiliser pour accompagner les salariés. Depuis la fin des années 90 et le lancement des travaux de démantèlement, ils étaient quotidiennement près de 120 à travailler à la centrale de Brennilis. Ils ne sont aujourd’hui plus qu’une poignée. L’arrêt du conseil d’État du 6 juin dernier a en effet mis un terme à une activité économique pourtant particulièrement importante pour cette commune des monts d’Arrée. Certes, la mesure n’aura guère d’effets sur la vingtaine d’employés d’EDF qui seront redéployés sur d’autres sites. Pour la centaine de salariés employés dans les différentes sociétés de prestations de service, les effets devraient en revanche être plus immédiats et plus douloureux. Certains contrats de travailleurs intérimaires ont déjà été cassés et plusieurs entreprises envisagent déjà des plans sociaux. |
Après l’annonce de l’arrêt du démantèlement de la centrale de Brennilis, les syndicats s’inquiètent aujourd’hui du coût social de cette décision qui concerne plus d’une centaine d’employés. (Photo archives Eugène Le Droff) |
«
Au final, il faudra bien la démanteler »
Sans remettre en cause la décision du conseil d’État, les représentants
syndicaux souhaitent aujourd’hui anticiper sur une situation économique
et sociale qui va être compliquée à gérer. «
On ne fait que reculer le problème, affirment-ils. On va repartir à
zéro et les nouvelles démarches administratives vont demander
du temps. Mais au final, il faudra bien la démanteler ».
Et c’est justement ce temps, que certains estiment à un minimum de
deux ans, qui pose problème. « Les entreprises n’attendront pas
et nous allons perdre un précieux savoir-faire », assurent-ils.
Comme souvent dans ce genre de situation, c’est donc vers les pouvoirs publics
que les regards se tournent. « Tout le monde va devoir se mettre autour
de la table pour gérer cette crise », espèrent les représentants
syndicaux. Pour eux, c’est une évidence, après l’établissement
d’un état des lieux, des solutions d’attente pourraient être
envisagées pour que les entreprises ne se précipitent pas vers
les licenciements. « Cela pourrait notamment se concrétiser par
la mise en place de cellules de reclassement ou d’accompagnement »,
insistent-ils.
« Choisir entre l’emploi et la sécurité »
Si les représentants de l’association « Sortir du nucléaire
» (*), regrettent ces conséquences sociales, ils en rejettent
en revanche la responsabilité. « Nous ne sommes pas des procéduriers
et notre démarche n’a pas été uniquement motivée
par une question administrative », explique Chantal Cuisnier, membre
de l’association. « C’est vrai que la centrale devra être démantelée,
mais le public devra en débattre car de nombreux problèmes se
posent ». Et dans ce domaine, celui de la sécurité des
employés n’est pas le moins important. « Il faut parfois faire
un choix entre l’emploi et la sécurité des salariés,
s’insurge-t-elle. Mais je pense que ces derniers nous remercierons plus tard
». Dès vendredi, à la prochaine réunion de l’observatoire
du démantèlement de la centrale nucléaire des monts d’Arrée,
chacun aura l’opportunité de défendre ses positions et d’exposer
ses arguments. * C’est cette association qui avait contesté le décret
du 9 février 2006 autorisant le démantèlement total de
la centrale pour « absence de mise à disposition du public d’une
étude d’impact ».
Dominique
Perrot
Le Télégramme
- 27/06/2007