Clemenceau: plainte contre X pour pollution des eaux
Une
association environnementale du Finistère a porté plainte contre
X pour "pollution des eaux" devant le tribunal correctionnel de
Brest, estimant que les opérations de nettoyage de l'ancien porte-avions
Clemenceau achevées récemment ont pu avoir un impact sur le
milieu maritime, a-t-on appris mercredi de source judiciaire.
Alors que
la coque doit être expédiée dans les prochaines semaines
en Angleterre pour y être démantelée, les autorités
environnementales britanniques avaient ordonné à la France d'enlever
la totalité des algues et coquillages recouvrant le bâtiment
désarmé, au prétexte que ces organismes vivants pourraient
coloniser les côtes anglaises d'où ils sont aujourd'hui absents.
Les autorités
françaises ont ouvert le chantier de nettoyage le 8 janvier avec l'aide
d'une quinzaine de plongeurs sous-marins. Pendant trois jours, ils ont brossé
et récuré la coque de 265 mètres de long. Or, pour l'association
Agir pour l'environnement et le développement durable (AE2D), ce chantier
aurait dû être réalisé à sec pour récupérer
les déchets de peinture toxique, immanquablement arrachés lors
des opérations.
"Il
est totalement incroyable que la préfecture maritime, qui veille au
respect de l'environnement, viole elle-même les prescriptions de l'Etat!",
a déploré Me David Rajjou, défenseur d'AE2D.
"Il
ne s'agissait que de grattage et de brossage, pas de carénage (qui
requiert une mise à sec)", a répliqué le capitaine
de frégate Bertrand Hudault, officier de relations publiques de la
préfecture maritime. Toutes les prescriptions en matière d'environnement
ont été respectées, a-t-il assuré.
La préfecture
maritime devrait publier des résultats d'analyse de la qualité
de l'eau du bassin de la coque Q790 d'ici à quelques jours.
L'ex-navire
amiral de la marine française n'en a pas forcément fini avec
la justice. L'association AE2D attend en effet du tribunal administratif de
Rennes (Ille-et-Vilaine), saisi début décembre, qu'il nomme
un expert pour juger de l'intégrité de la coque avant son départ.
AE2D milite
également pour la création en France d'une filière de
démantèlement. Selon son vice-président, Christian Bucher,
"une quarantaine de navires militaires seront à déconstruire
dans les cinq prochaines années".
La Tribune - 14/01/2009