Eau potable. Deux usines très courtisées
Les
deux unités quimpéroises de production d'eau potable
alimentent 26.000 foyers. Dans son jargon, Veolia Eau parle de branchements.
Vers lesquels convergent quatre millions de m³ par an. L'usine
de Kernisy, située route de Douarnenez, produit 25% de ce volume
et fournit essentiellement le centre-ville. C'est la moins moderne
des deux. Elle récupère l'eau des captages, creusés
sur les hauteurs de Plonéis à la fin du XIXe siècle,
et reliés à un réseau de drains qui serpente
jusqu'à elle. L'eau stationne ensuite en bassins, sur des lits
de maërl, qui la purifit et lui font perdre son acidité.
Le Sivomeaq (*) vient d'ailleurs d'investir 1,5M€ pour remplacer ce
maërl, dont les gisements sédimentaires s'épuisent,
par du charbon actif en poudre, qui possède un gros avantage:
il stoppe les pesticides plus sûrement que le maërl. |
L'usine de Troheïr (ci-contre Claude Perron, son responsable sur les berges du Steir) fournit les trois-quarts de l'eau potable quimpéroise. |
«Quand
on dit que l'eau est privée, c'est faux»
Cet
investissement tombe à pic pour Georges Cadiou, président du
Sivomeaq et adjoint chargé des politiques publiques de l'eau. «Quand
on dit que l'eau est privée à Quimper, c'est faux. Nous cédons
les deux usines en délégation de service public (DSP) à
Veolia, mais le 2février 2011, à minuit, le contrat s'arrête
et les usines restent propriété du Sivomeaq», rappelle
l'élu qui ne goûte guère certaines prises de position,
faites notamment par l'association Eau Secours 29 : «Pendant la campagne,
nous avions dit que nous ferions une étude comparative sur un éventuel
retour en régie municipale. Les études vont débuter en
juin. Le conseil municipal décidera à l'automne 2010. Mais certains
obscurcissent le débat. Ils partent sur des a priori idéologiques.
Si l'eau appartenait à Veolia, cette société, comme trois
autres candidats probables, ne reviendrait pas discuter en 2011!».
10.000m³
produits chaque jour à Troheïr
Une
chose est avérée: en cas de retour en régie, la collectivité
accordera un an supplémentaire d'exploitation à Veolia, afin
de préparer au mieux «la bascule». Car l'eau demande beaucoup
de savoir-faire, de technicité. A preuve: contrairement à certaines
idées, il en coûterait environ 1,5M€ supplémentaires pour
le prix de cette indépendance retrouvée. Ce qui ferait bondir
le prix de base, - «fixé par le Sivomeaq», rappelle Georges
Cadiou - actuellement à 2,80 € le m³. En attendant cette échéance,
50 employés de Veolia veillent sur le réseau quimpérois.
L'usine de Troheïr, sur la route de Guengat, nécessite bien plus
d'attention que Kernisy. Contrairement à sa vénérable
voisine, elle pompe de l'eau dans le Steir et la traite ensuite suivant un
savant procédé (lire ci-dessous). Depuis 1955, sa production
est passée de 100m³ à environ 10.000m³ par jour. «Troheïr
produit à la demande, à mesure que les habitants ouvrent le
robinet», explique Claude Péron, responsable des deux usines.
Depuis 2004, les Quimpérois ont diminué leur consommation d'eau
de 600.000m³, ce qui a réduit la marge de Veolia, qui, en 2008,
a facturé 750.000 € l'exploitation des deux usines. En 2011, l'eau
quimpéroise fêtera ses 25 ans de délégation de
service public.
(*) Syndicat intercommunal à vocation multiple pour l'expansion et l'équipement de l'agglomération quimpéroise.
Exhauration, décantation, ozonation...
La technicité du traitement de l'eau est le fruit d'années d'études et d'expérimentation. L'usine de Troheïr, sur les berges du Steir, exhaure (soutire) 10.000m³ par jour. Après être passée à travers un «dégrilleur», puis une bâche, l'eau transite par une station d'alerte contre les hydrocarbures et autres éventuelles pollutions chimiques. C'est ensuite la halte au pôle de reminéralisation, où de la chaux et du dioxyde de carbone sont injectés. Puis elle arrive dans des bassins de décantation-floculation: du sulfate d'albumine est introduit. Les micromatières organiques s'y agglomèrent pour former des flocons. Du polymère et du microsable sont rajoutés: les flocons se coagulent sur le polymère, le microsable leste le tout, qui tombe au fond des bassins. Il ne reste plus à la centrifugeuse qu'à séparer le bon grain de l'ivraie. L'eau finit sur des filtres à sable où elle s'assainit avant de finir par une douche à l'ozone, puissant désinfectant. Cette «ozonation» élimine virus et bactérie. Il faudra encore la reminéraliser, notamment avec injection d'eau de chaux, la stocker sur des bâches avant qu'elle ne soit refoulée vers Saint-Conogan, le réservoir principal de Quimper.
Thierry
Charpentier
Le Télégramme - Quimper - 08/05/2009