Transports. L'IUT ouvre un débat durable
«Transport, logistique et développement durable» au programme, samedi, des 30 ans du département GLT de l'IUT quimpérois. Ce département est désormais habilité à réaliser des bilans carbone.
Quelques
indicateurs pour planter le décor du débat sur le transport
de marchandises et le développement durable. L'impact du transport
routier sur l'environnement pèserait 80 à 130 g de CO2
par tonne et kilomètre, le fluvial 40 g et le ferroviaire de
1 à 6g. Le report des flux vers les modes les moins polluants
semble incontournable! Pas si simple, émet Serge Capitaine, directeur
général adjoint de STEF-TFE. Le groupe spécialisé
dans la chaîne du froid (transport et logistique) affiche pour
2008 2milliards de chiffre d'affaires, 15.000 salariés dont 1.500
en Bretagne, 230 sites, 300 millions de kilomètres parcourus
en un an et un bilan carbone évalué à 150 kilotonnes
(t/km). «Aujourd'hui le ferroviaire ça ne coûte pas
moins cher et nous avons deux problèmes: la fluidité et
la faiblesse de l'offre», certifie le dirigeant. Qui estime pouvoir
«en faire 10 à 20 fois plus» par le rail. Pour l'heure,
le groupe travaille à baisser de 20% ses flux camions et met
20 caisses de chocolat par semaine sur un train entre Rouen et Marseille.
«Le rail c'est intéressant au-delà de 600 km»,
soutient-il. Nouvel écueil. «En France, 75% des trajets
de transports de marchandises se font sur une courte distance, inférieure
à 100 km», rapporte Jean-Charles Fourot, enseignant à
l'IUT de Quimper. |
98% du chiffre d'affaires réalisé dans le transport de marchandises relève en France du routier, 2% du ferroviaire... |
Modèle
allemand
Selon lui, Réseau Ferré de France «essaie de mettre en
place des sillons dédiés au fret». Mais la France reste
bien loin du modèle allemand décrit samedi par un ancien professeur
de l'IUT. On y trouve «400 réseaux de proximité privés
ou soutenus par des collectivités locales. Ils assurent un trafic de
brouettage qui représente le double du trafic de fret de la grande
compagnie, la Deutsche Bahn», affirme Gérard Guyon. «Aux
États-Unis, le train assure 40% du marché de fret et les réseaux
locaux absorbent l'essentiel des tonnages», complète-t-il. «En
France, il y a un sous-investissement massif dans le ferroviaire depuis vingt
ans», tonne-t-il. «Si le transport combiné est en perte
de vitesse en France c'est dû à l'insuffisance des politiques
publiques, à l'insuffisance des infrastructures et l'absence de politiques
incitatives», dénonce l'élu Vert Jean-Pierre Bigorgne.
«Dans les années 80, il y avait deux plateformes multimodales
à Morlaix et Lorient. Elles ont été bien vite déconnectées»,
illustre le vice-président de Quimper-Communauté chargé
des transports urbains. Et le fluvial dans tout ça ? «La France
manque cruellement d'infrastructures à grand gabarit. Le format 300
t n'est pas rentable, il faudrait pouvoir ouvrir à des flux de 1.000
à 3.000 tonnes. Aujourd'hui, il y a le projet Seine Nord, LeHavre-Rotterdam
via le Benelux», expose M.Fourot.
Quimper-Istanbul
Rotterdam, les ports, la «révolution du conteneur». «Dommage
qu'un port comme Brest soit sous-équipé. Je connais une entreprise
en Bretagne qui achemine ses produits vers Rotterdam, parce que c'est moins
cher», témoigne Lucien Le Cam, le fondateur de l'IUT quimpérois.
Un cheminement de marchandises, a priori, plus vertueux alliant transports
ferré et fluvial. «Entre Quimper et Istanbul, via Rotterdam,
le Rhin, le Danube et la Mer Noire, y compris pour des denrées périssables»,
assure Lucien Le Cam. «On y vient au conteneur, conclut sur ce thème
Jean-Charles Fourot. Le port du Havre a fait des travaux en ce sens. C'est
une solution qui permet des économies sur la rupture de charge».
Un poste coûteux pour les entreprises !
Bruno Salaün
Le
Télégramme - Quimper - 09/03/2009