Développement durable. « Changer de modes de vie »
20 % d’énergies renouvelables en France, c’est l’objectif pour 2020. Un élément parmi d’autres pour atténuer le réchauffement climatique, estime le Costarmoricain Yoann Thomas, chercheur dans un groupe européen de recherche sur les énergies, en Allemagne.
Pourquoi
miser sur le renouvelable ?
Contrairement aux ressources fossiles, elles ne sont pas limitées et
dégagent bien moins de gaz à effet de serre. La question se
pose en termes de réchauffement climatique et de sécurité
d’approvisionnement. Avec deux façons de voir les choses : disposer
de suffisamment d’énergie pour satisfaire les besoins, ou réduire
les besoins pour disposer de suffisamment d’énergie. Parfois, les deux
vont de pair.
Quels
sont ces besoins en énergie ?
Les transports (33 %), le logement (28 % dont 75 % pour le chauffage), l’industrie
(22 %), les services et tertiaire (écoles, cantines, bureaux...) pour
13 %, l’agriculture et autres représentant chacun 2 % de la consommation
d’énergie.
Quelle
est la part des énergies renouvelables ?
Elles représentent 6 % de l’énergie produite. À comparer
aux 40 % d’énergie d’origine nucléaire, 33 % de produits pétroliers,
14 % de gaz et 5 % de charbon. L’hydraulique (15 % de l’électricité
produite) domine largement, près de 30 fois plus que l’éolien
ou que le bois énergie qui, en revanche, est la ressource essentielle
en matière thermique.
Comment
se situe la France ?
Pas si mal, par rapport aux autres pays européens. Ainsi, les Allemands
comptent 100 m² de panneaux solaires thermiques par habitant contre 1,5
m² chez nous. Mais, au niveau des émissions de gaz à effet
de serre, la France, avec 6.000 kg de CO² par an et par habitant, se
situe au-dessous de la moyenne européenne (8.000 kg). Ce qui n’est
pas le cas de l’Allemagne qui utilise principalement du charbon pour produire
son électricité.
Le
nucléaire serait donc la panacée ?
Du point de vue du réchauffement climatique, l’énergie d’origine
nucléaire a un faible contenu carbone, mais il faut également
aborder la question sous l’angle de la sécurité et de l’élimination
des déchets. L’environnement, c’est un tout.
20
% d’énergies renouvelables : réaliste ?
Oui, si on tient les objectifs en matière d’éolien (5 % de l’électricité,
soit dix fois plus qu’aujourd’hui), de bois énergie (à multiplier
par 2) et de biocarburants, dont il faudra importer une part. Seul le soleil,
sous toutes ses formes, permettra d’aller au delà. Mais, dans tous
les cas, il faudra aussi réduire notre consommation globale d’énergie.
Dans
quelle mesure ?
Si on veut que la température ne se réchauffe pas de plus de
2°, pour que la vie soit supportable sur terre, il faut que les émissions
de gaz à effet de serre, en 2050, soient divisées par deux par
rapport à 1990, soit un facteur 4 pour les pays développés.
Il n’y a d’autre choix que de modifier nos modes de vie, de développement
et de consommation. La raréfaction du pétrole pourrait être
un atout. Mais le risque de recours massif au charbon, dont les gisements
sont importants, est réel, avec des effets encore plus néfastes.
Les perspectives n’incitent pas à l’optimisme. Mais je veux croire
à la fantastique faculté d’adaptation de l’homme quand il se
trouve au pied du mur.
Propos
recueillis par Hervé Queillé
Le
Télégramme - 19/01/2009