Grenelle de la mer. La séance de rattrapage prend l'eau
Il y a 18 mois, le Grenelle de l'environnement avait complètement zappé la mer. La séance de rattrapage qui s'est déroulée hier, à Brest, en a laissé plus d'un sur sa faim de propositions concrètes.
Alors que les 200 à 300 professionnels de la mer venus écouter la synthèse des groupes de travail attendaient les propositions concrètes à faire remonter en plus haut lieu, l'après-midi commençait par un petit film promotionnel rabâchant le pourquoi et le comment de ce Grenelle de la mer, avec Jean-Louis Borloo en tête d'affiche. La synthèse du premier groupe de travail effectuée par la vice-présidente du conseil régional, Janick Moriceau, complétait le tissu de poncifs et de généralités sur la mer et ses richesses. «La mer est l'affaire de tous!». Oui, merci, et après, on fait quoi ?
«Nous,
nous avons des propositions»
Le
temps des questions venu, la sanction tombait dans la salle, dans la bouche
d'intervenants aussi critiques que frustrés. «Nous, nous avons
des propositions à vous faire ! Des mesures à appliquer dès
maintenant !». Déconstruction de vieux navires (Brest), stricte
application de la loi Littoral dans les communes qui la contournent (Concarneau),
protection des bassins-versants avec rétablissement des talus (Trégor)...».
«L'État, à l'origine de ce Grenelle de la mer, doit surtout
cesser de supprimer ses emplois dans ses métiers maritimes»,
tonnait un syndicaliste, agacé par le festival de bonnes intentions.
Dans ces conditions, difficile de prendre sereinement la mesure du travail
réalisé au sein de ces groupes de réflexion et des centaines
de propositions annoncées (*).
«Pourtant, il y a une urgence à sauver la mer et le littoral
!», appuyait, en préambule, le maire de Brest, François
Cuillandre, sans doute un peu perplexe dans un contexte de restructurations
et de restrictions à tout va.
«Inventaire à la Prévert»
«Il ne faut pas oublier que le temps de la mer n'est pas celui
de la terre et qu'il faut un certain temps de réflexion et d'application
dans le domaine maritime», tempérait le préfet maritime,
Anne-François de Saint-Salvy.
En évoquant avec enthousiasme «l'inventaire à la Prévert
des réflexions réunies par ces groupes de travail», le
rapporteur de l'un d'eux, le recteur d'académie, Alain Miossec, ne
croyait pas si bien dire!
*
Les ateliers de ces quatre groupes de
réflexion se sont déroulés à huis clos le matin.
Stéphane
Jézéquel
Le Télégramme - Bretagne
- 24/06/2009