Sciences. Débat autour de «la réalité des OGM»
Spécialiste des hybridations entre espèces, Anne-Marie Chèvre, directeur de recherches à l'Inra, animera vendredi, une conférence sur les OGM.
Quelle
est la nature de vos recherches sur les OGM ? En
croisant les espèces, ne craignez-vous pas les risques de dissémination
de gènes dans l'environnement ? |
«Aucune évaluation n'a été faite des risques de dissémination de gènes entre espèces cultivées et sauvages» |
La
France ne menace-t-elle pas sa recherche en se coupant des OGM?
Nous ne nous coupons pas des OGM en matière de recherche; en effet,
la transgénèse (introduction d'un gène sans reproduction
sexuée) est un outil de recherche indispensable en recherche et elle
est utilisée dans tous les laboratoires en milieu confiné pour
progresser dans la connaissance des gènes et de leurs fonctions. En
revanche, pour le développement commercial de variétés
OGM, l'Europe prend effectivement du retard, d'autant plus qu'il faut compter
plus de dix ans entre l'obtention d'un OGM et sa mise sur le marché.
Ce choix est politique et sociétal.
Pourquoi
les scientifiques sont-ils aussi divisés sur la question des OGM ?
L'analyse des OGM fait appel à un ensemble de disciplines scientifiques:
biologie moléculaire, génétique, agronomie, écologie,
sciences de l'alimentation, économie, sociologie... Une réponse
synthétique prenant en compte toutes les composantes est difficile.
Par ailleurs, les OGM sont en eux-mêmes une bonne opportunité
pour aborder trois grandes questions qui interpellent le monde de la recherche
mais également l'ensemble de la société: l'avenir et
le contrôle du marché de l'alimentation, la sécurité
alimentaire, l'utilisation par la société de techniques (biologie,
informatique...) de plus en plus puissantes.
Quand
des études sur les OGM sont réalisées par des laboratoires,
choisis et financés par des firmes semencières, les considérez-vous
comme indépendantes ?
Comme pour le développement de médicaments, les essais sont
effectivement conduits par les firmes qui souhaitent une commercialisation
de leurs produits. Ces résultats doivent être rendus publics
et l'expertise de ces données, ainsi que les conclusions qui en sont
tirées, doivent être transparentes.
Les
OGM sont-ils, selon vous, une solution aux crises alimentaires mondiales?
Je pense qu'il n'existe pas une solution unique et que ce problème
est beaucoup plus complexe que le recours à une simple technique.
Conférence «Les OGM: quelle réalité ? Quelles perspectives ? Quelles questions ?». Vendredi, 20h, au Parc des expositions de Langolvas. Entrée libre.
Le Télégramme - Morlaix - 25/02/2009