"Inspection
citoyenne" à l'Île Longue
L'association
Greenpeace porte plainte contre l'État
Pour
Greenpeace, la base nucléaire de l'Île Longue (Finistère)
en est "la preuve éclatante" : la France ne désarme
pas. Hier, interdits d'entrée sur le site, des militants de la "cellule
citoyenne de contrôle et d'inspection", qui "se présente
partout où la prolifération se développe", ont déposé
plainte contre l'État.
Casque blanc de chantier, coupe-vent jaune estampillé "inspection
citoyenne", c'est revêtus de l'uniforme neuf de la "cellule
citoyenne de contrôle et d'inspection" que les militants de Greenpeace
ont frappé, hier matin, aux grilles de la base nucléaire de
l'Île Longue. Simultanément, d'autres équipes de Greenpeace
tentaient de "vérifier l'ampleur des violations, par la France,
du traité de non-prolifération", en se présentant
sur les cinq autres sites impliqués dans la filière nucléaire
française : "Parce que la France échappe très largement
aux contrôles des inspecteurs de l'Agence internationale de l'énergie
atomique, nous estimons que notre devoir est de mener ces inspections citoyennes,
partout où la prolifération se développe", a expliqué
Pascal Husting, directeur de Greenpeace France.
C'est la deuxième fois, en un mois, que Greenpeace, épaulé par les associations antinucléaires locales, cible son action sur l'Île Longue, où sont engagés de gigantesques travaux de modernisation, pour un montant de 416 millions d'euros : "L'Île Longue est la preuve éclatante que la France ne désarme pas, continue Xavier Renou, porte-parole de Greenpeace. On y adapte ses infrastructures aux nouveaux missiles M51 qui, équipés de six têtes nucléaires, auront une portée de 6 000 km."
Interdits d'entrée par un cordon de gendarmes dix fois supérieur en nombre, les militants écologistes ont annoncé que "les inspections, qui exigent la transparence, continueront tant que la France restera dans l'illégalité, en bafouant le traité de non-prolifération, signé en 1969 par 188 pays, et dont la révision vient de s'achever en échec lamentable, faute de volonté politique".
Après
discussions avec quelques habitants voisins de la base, qui avouaient "avoir
peur, même si on essaie de ne pas y penser", les militants antinucléaires
ont rallié la gendarmerie de Crozon, afin d'y "déposer
plainte contre l'État français pour crime contre la paix".
Au procureur de Quimper d'instruire, ou non, cette plainte : "Si oui,
ce serait sans précédent, une avancée fantastique, conclut
Xavier Renou. En plus d'enfreindre le droit international, la France oserait-elle
alors renier sa propre jurisprudence ? "
Frédérique
GUIZIOU
Ouest-France - 08-06-2005