Savéol cherche la clé de l'énergie
Le choix et le prix du chauffage des serres seront ce vendredi soir au coeur des débats des producteurs qui se réunissent à Brest.
Les temps sont durs pour les producteurs de tomates. Il ont payé très cher, l'an passé, l'énergie pour chauffer leurs serres alors que leur production se vendait moins bien, l'été sous la pluie. Chez Savéol (Plougastel-Daoulas), qui tient ce vendredi soir son assemblée générale à Brest (Quartz), les producteurs font grise mine. Des exploitations sont en redressement judiciaire.
Une
production diversifiée
Savéol
compte 100 exploitations spécialisées en tomates, 70 000 tonnes
(90 % d'un chiffre d'affaires de 137 millions d'euros dont 22 % à l'export),
et une trentaine d'exploitations de diversification, 1 200 tonnes de fraises
de Plougastel (9 % du chiffre d'affaires), des framboises et des concombres.
L'offre « tomate » de Savéol se caractérise par
21 variétés de tomates différentes, présentées
majoritairement en barquettes de grappes ou de fruits, avec un positionnement
haut de gamme.
Le manque
de visibilité sur le prix de l'énergie à moyen terme
et les incertitudes sur le pouvoir d'achat des consommateurs posent question
aux producteurs. Pour la première fois depuis longtemps, un seul producteur
créera son exploitation en 2009. L'accès au foncier devient
un problème majeur, lié au prix de l'énergie (gaz et
fioul). Car tôt ou tard il repartira à la hausse.
Se
chauffer à plusieurs
«
Il nous faut réfléchir dès maintenant à l'installation
de producteurs proches pour qu'ils puissent mutualiser l'investissement sur
la partie chauffage », explique le président de Savéol,
Philippe Darré. Il pense surtout à la cogénération.
C'est un système de chauffage économe et intelligent. En brûlant
du gaz dans un gigantesque moteur, le producteur récupère la
chaleur et le gaz carbonique pour favoriser la croissance des tomates, et
vend à EDF l'électricité produite.
Mais il
coûte cher, de l'ordre de 2 millions d'euros pour 4 à 5 hectares,
et ne peut s'amortir que sur de grandes surfaces, à cause d'une réglementation
qui impose de produire de l'électricité en cogénération
uniquement entre le 1er novembre et le 31 mars. Les producteurs font le forcing
pour modifier cette réglementation. De fait seulement deux adhérents
de Savéol ont adopté ce système et neuf projets d'agrandissement
avec cogénération chez Savéol attendent une nouvelle
réglementation.
La
piste du bois
L'autre
piste, c'est le bois, là aussi un système économe (10
exploitations chez Savéol dont 7 depuis 2008). Mais il présente
des contraintes d'approvisionnement. Pour tous les autres, c'est une production
à l'économie pour réduire leur facture à coup
d'écrans thermiques, de récupérateurs de chaleur ou de
conduites de cultures optimisées. Les nouveaux producteurs qui ont
rallié Savéol depuis octobre (20 ha) subissent moins le prix
de l'énergie : ils cultivent des tomates sous le soleil de Perpignan
et de Marseille.
Franck
JOURDAIN.
Ouest-France - Finistère - 03/04/2009