Nocivité des ondes : le débat toujours pas tranché
La
concertation débouche sur une dizaine de propositions, mais ne clôt
pas le débat sur la dangerositédes antennes-relais et des portables.
Le Grenelle des ondes a-t-il servi à quelque chose ? Il avait été
lancé, en avril, dans une certaine précipitation, face aux multiplications
des recours en justice contre les antennes-relais. Hier, le rapport a été
remis aux ministres concernées (Santé, Économie numérique,
Écologie).
Priartem
et Agir pour l'Environnement, deux des associations les plus virulentes, «
déçues et en colère », ont décidé
de ne pas participer au comité de suivi qui doit prolonger cette table
ronde.
L'Agence
française de sécurité sanitaire rendra en septembre ses
conclusions sur l'impact sur la santé des antennes-relais de téléphonie,
mais l'idée d'un moratoire sur les implantations a été
rejetée. « En l'état actuel des connaissances,
une révision des seuils réglementaires n'est pas justifiée
d'un point de vue sanitaire », souligne un communiqué
gouvernemental.
Portable
interdit à l'école
En
revanche, parmi les dix orientations retenues par le gouvernement, figure
l'affichage clair du DAS (Débit d'absorption spécifique) sur
les téléphones portables et l'interdiction de leur usage dans
les écoles primaires. « Je soutiens entièrement
ces mesures, a déclaré Roselyne Bachelot, ministre
de la Santé. D'autant plus que j'ai moi-même déconseillé
l'achat de téléphones portables pour les très jeunes
enfants. » La mesure est consensuelle, car le phénomène
est marginal (lire ci-dessous).
Autres
propositions concernant les téléphones : la création
de forfaits entièrement « SMS » et la mise au point de
téléphones rendant l'usage de l'oreillette indispensable.
Et les
antennes ? Elles ne sont pas oubliées, mais ménagées.
« Des modélisations sur ordinateur » qui établiraient
l'impact sur la qualité du service d'une baisse des émissions
seront lancées. Elles pourraient être suivies «
le cas échéant, d'expérimentations d'une modification
des seuils, dans des villes volontaires ».
Bref, ce
ne sera pas pour tout de suite. Même si certaines villes, comme Hérouville-Saint-Clair
(Calvados) s'étaient dites prêtes à tester l'exposition
maximale de 0,6 V/m préconisée par certaines associations, mais
considérée comme techniquement ingérable par les opérateurs
(aujourd'hui, le seuil est de 41 V/m).
Implantations
d'antennes cadrées
Ces
opérateurs souhaitaient plus que tout se mettre à l'abri de
l'avalanche récente de procédures judiciaires. Jean-Marie Danjou,
délégué général de l'Afom (l'association
qui rassemble tous les opérateurs) se félicite d'expérimentations
qui seront mises en place d'ici à l'automne : « Une concertation
avec les maires avant toute implantation et un schéma de déploiement
au niveau des agglomérations, sous l'autorité des préfets.
Il nous faut un cadre clair et juridiquement opposable ».
Autre piste
: un changement du mode de financement de la recherche sur les ondes. Les
opérateurs cofinancent ces recherches, ce qui alimente des doutes sur
leur objectivité. Ce système pourrait être remplacé
par une redevance « recherche ». Suffisant pour éteindre
la défiance face aux ondes ?
Téléphones portables interdits à l'école : c'est souvent le cas
Sur dix écoles primaires interrogées, hier, dans l'Ouest, pas une n'autorise les portables pour les élèves. « Le règlement intérieur l'interdit depuis trois ans, indique Eliseo Garcia, instituteur à l'école Authie Nord de Caen. Les enfants n'en ont pas besoin. Je ne comprends pas qu'on offre un mobile à un écolier. »
« Pas un élève n'a un portable, ici, renchérit-on à l'école Léonce Gluard, à La Roche-sur-Yon. De toute façon, ils seraient automatiquement confisqués. Si on les autorisait, les élèves n'arrêteraient pas de jouer avec. » « Sur 330 élèves, trois ou quatre ont un portable, notamment parce que les parents rentrent tard du travail, constate un responsable de l'école privée La Providence (Saint-Brieuc). Mais, ici, ils n'ont pas le droit de le sortir du cartable. »
La France est le pays européen où le taux d'équipement en téléphones portables des 6-10 ans est le plus faible. L'âge d'accès au téléphone reste l'arrivée au collège. Après les recommandations de l'Affset, en 2005, les principaux opérateurs mobiles s'étaient engagés à ne pas créer de téléphone spécifiquement dédié aux enfants et à ne pas mener d'opération de promotion en leur direction.
La plupart des écoles ont banni le téléphone portable via le règlement intérieur. L'interdiction formelle, au plan national, n'aura que peu de conséquences, tout comme le projet d'inscrire l'interdiction de tout « terminal radioélectrique » destiné aux enfants de moins de 6 ans, dans la future loi Grenelle 2.
Philippe RICHARD.
Ouest-France - France - 26/05/2009